La maternité des femmes chirurgiens-dentistes : un constat alarmant !

Si la profession de chirurgien-dentiste se féminise, elle doit donc répondre à de nouveaux enjeux, dont celui de la maternité. Le constat est sévère et la profession demande des solutions à la hauteur.

Une profession qui se féminise et doit donc faire face à de nouveaux enjeux

Le métier de chirurgien-dentiste a considérablement évolué au cours de ces dernières années. D’un autre côté, le profil de ces professionnels de santé a connu des évolutions conséquentes durant la même période. Contrairement à d’autres professions de santé, les chirurgiens-dentistes sont aujourd’hui plus jeunes (en 2021, l’âge moyen de la profession était estimé à 45,3 ans) qu’il y a une décennie

(48,4 ans en 2013). D’un autre côté, les femmes sont de plus en plus nombreuses à exercer en tant que chirurgien-dentiste. Ainsi, si on comptabilisait, toujours selon les chiffres de l’Ordre National des chirurgiens-dentistes (ONCD), 16396 femmes exerçant la profession en 2013 (40 % des effectifs), cette proportion en 2023 s’approchait de la parité avec 48.4 % des effectifs (21.913 chirurgiennes-dentistes).

Ces évolutions majeures traduisent les mutations que connaît la société française. D’un autre côté, elles soulèvent de nouvelles problématiques, auxquelles la profession doit faire face.

Ainsi, la féminisation du métier de chirurgien-dentiste met en lumière les questions d’organisation de travail (attente plus forte pour mieux concilier la vie professionnelle avec la vie personnelle). Mais elle met en lumière également les conditions difficiles, auxquelles doivent faire face ces professionnelles

de santé lorsqu’elles décident d’avoir un enfant.

La maternité, une question délicate pour les chirurgiennes-dentistes

Ce sont ces questions liées à la maternité pour les chirurgiennes-dentistes, qui ont conduit le syndicat Les Chirurgiens-Dentistes de France (CDF) à publier, le 23 juillet dernier, une enquête sur le sujet : Maternité : un défi très lourd pour les femmes chirurgiens-dentistes libérales. En interrogeant 375 praticiennes, les auteurs de l’étude ont pu mettre en évidence les principales difficultés, que peuvent rencontrer ces femmes pour aller au bout d’un projet de maternité. Elles sont déjà 3 sur 4 (75 %) à souligner, que cette envie, ce désir d’enfant « interfère avec leur projet professionnel ». Dans la profession, la maternité semble être devenue un aspect à prendre en compte pour se projeter dans son parcours professionnel. Un tiers des professionnelles de santé reconnait ainsi avoir reporté ou renoncé à une maternité pour des questions d’ordre professionnel. Pour celles, décidant cependant d’aller au bout de leurs envies, la situation se complexifie alors, dès lors qu’elles doivent organiser leur « congés maternité ». Ainsi, l’étude souligne : "Si le congé maternité reste un droit, il est souvent écourté par les femmes chirurgiens-dentistes (…)"

Deux raisons principales expliquent ces difficultés :

1. Le soutien financier, accordé aux jeunes mamans, se révèle insuffisant face

au poids de l’investissement et des charges engagées,

2. Les difficultés pour trouver une ou un remplaçant, pour pouvoir compenser

l’absence (totale ou partielle) de la professionnelle de santé. 2 femmes

chirurgiens-dentistes sur 3 (66 %) reconnaissent qu’il a été difficile de trouver

leur remplaçant.

Des réponses pertinentes attendues par la profession

L’étude déplore « cette réalité et (…) ces chiffres déconcertants », alors que ces difficultés de prise en charge de la maternité compromettent « l’accès aux soins pour la population. » Ce dernier représente pourtant une priorité absolue tant pour les professionnelles concernées, que pour les pouvoirs publics, mais aussi et surtout pour les patients. Aussi, le syndicat demande des réponses adaptées à des besoins

clairement exprimés : « un meilleur accompagnement, une protection renforcée pendant leur congé maternité, une meilleure reconnaissance du coût réel de la maternité en exercice libéral, et surtout, des solutions concrètes pour garantir la pérennité de leur activité sans sacrifier leur vie familiale. »

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