La santé bucco-dentaire accessible à toutes et tous : une réalité ?
C’est un débat récurrent tant chez les professionnels de santé que chez les patients : la désertification médicale. Le manque de chirurgiens-dentistes est une réalité pour certains territoires, alors que depuis plus de 10 ans, des mesures sont prises pour limiter cette désertification. La Cour des Comptes a analysé le phénomène.
Le manque de chirurgiens-dentistes : une réalité difficile à endiguer ?
Au-delà des mutations que connaît le métier de chirurgien-dentiste – on pense notamment à l’augmentation de la proportion de chirurgiens-dentistes salariés -, la profession doit faire face, depuis plusieurs années, à une crise démographique. Bien que tous les spécialistes ne s’accordent pas à identifier les causes de cette pénurie de professionnels de la santé bucco-dentaire, de multiples leviers ont été actionné pour rendre l’accès aux soins plus efficient pour la population. Pourtant, les résultats obtenus ne s’avèrent guère concluants tant pour les chirurgiens-dentistes que pour les médecins notamment.
Dans son rapport «L'organisation territoriale des soins de premier recours », publié le 13 mai dernier, la Cour des Comptes juge sévèrement les différentes politiques déployées depuis plusieurs années. Dans ce rapport, les hauts magistrats soulignent que si le nombre de chirurgiens-dentistes est resté relativement stable en 10 ans (+1.4 % entre 2012 et 2022), l’offre de soins s’est, quant à elle, considérablement dégradée, notamment en raison des disparités régionales existantes. Le manque de chirurgiens-dentistes reste une réalité dans certains territoires, conduisant à des conséquences néfastes tant pour les professionnels de santé que pour les patients : allongement des délais pour obtenir un rendez-vous, passage par les urgences avec déstabilisation des services hospitaliers, report voire
annulation de soins faute de rendez-vous, ….
Quels sont les leviers pour mieux répartir les chirurgiens-
dentistes en France ?
Les magistrats de la Cour des Comptes analysent, dans leur rapport, les différentes décisions prises pour endiguer le phénomène. Si certaines ont démontré une certaine utilité, aucune n’a réussi à inverser la tendance. En ce qui nous concerne, on soulignera que la Cour des comptes se félicite de la « la création d’un métier nouveau « d’assistant de niveau 2 » doit permettre de mieux répondre à la demande de soins, malgré les tensions sur la démographie des chirurgiens-dentistes », incitant même les autorités publiques à déployer ce genre d’initiative pour d’autres professions. En revanche, les incitations financières pour favoriser l’installation des chirurgiens-dentistes en zones sous-denses sont pointées du doigt par l’étude. En effet, les magistrats notent, que trop souvent, les installations s’effectuent à la limite de zones sur-denses, atténuant les résultats escomptés. Pourtant, pour la seule année 2020, les aides versées aux chirurgiens-dentistes pour l’installation ou le maintien de l’activité en zone sous-dense s’élevaient quand même à un million d’euros.
En étudiant les évolutions de l’organisation de la santé, le rapport souligne les effets prometteurs du « décloisonnement » et de l’exercice partagé. A travers les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ou encore, les CPTS (Communautés professionnelles territoriales de santé), cette nouvelle approche des soins de ville et de premier recours assure réellement de gagner en efficacité dans la prise en charge des patients.
Il ressort de cette étude, que seule une refonte globale de l’organisation des soins pourrait être significativement bénéfique à la démographie des professionnels de santé en général et des chirurgiens-dentistes en particulier. Le rapport met en garde contre l’accumulation de mesures, prises de manière individuelle et sans réelle « vision d’avenir ».
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